Le KGB au pouvoir by Thierry Wolton

Le KGB au pouvoir by Thierry Wolton

Auteur:Thierry Wolton
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2016-05-15T00:00:00+00:00


Troisième partie

LE FSB RAMASSE LA MISE

Vladimir Poutine appartient à ce genre de responsables politiques que la fonction a créé. En huit années de pouvoir, il a eu le temps de se forger une image de dirigeant décidé, honnête, compétent, au point sans doute de finir par croire lui-même à ce portrait. Pourtant, ce ne sont pas ces qualités qui lui ont valu d’être choisi pour succéder à Boris Eltsine. La « famille » cherchait un fonctionnaire zélé, obéissant, pas très regardant. La fidélité, la discrétion, qu’il avait manifestées à l’égard du clan qui occupait le Kremlin, expliquent sa promotion. Le sociologue russe Boris Kagarlitsky, contempteur lucide de l’évolution de son pays, a salué son accession au pouvoir en ces termes : « On dépeint Poutine comme un “dirigeant fort”, un “responsable politique résolu », mais il était un bureaucrate moyen, un éternel factotum, totalement dépourvu de volonté et d’initiatives personnelles. S’il avait eu une volonté forte et des ambitions politiques, il ne serait jamais devenu président. D’abord, Eltsine ne tolérait pas que des personnes de son entourage nourrissent des ambitions présidentielles. Dès qu’il s’en apercevait, il désignait un rival comme son héritier. Il avait un flair quasi animal pour cela. Mais surtout, toute personnalité politique sérieuse et volontaire à qui Eltsine aurait proposé, en 1999, de devenir le futur président, aurait refusé. La proposition était humiliante à la fois pour le candidat et pour le pays. Eltsine a tout simplement confié ce travail à Poutine comme on confierait une tâche bureaucratique à un fonctionnaire5. » L’ex-général du KGB, Oleg Kalouguine, estime pour sa part qu’« Eltsine [s’est persuadé] que Poutine était fiable et loyal. Il faisait preuve d’un esprit d’obéissance prussien. Dès qu’Eltsine ordonnait quelque chose, Poutine exécutait6 ».

Comment a-t-il été choisi ? « Son nom a d’abord été avancé par Valentin Ioumachev, le conseiller d’Eltsine (et rédacteur de ses Mémoires), a raconté Sergueï Dorenko, un célèbre journaliste de la chaîne de télévision ORT. Il a été soutenu par Alexandre Volochine, le chef de l’Administration présidentielle. Poutine a été reçu et ils se sont mis d’accord sur son nom. Il a résisté, exprimant son hésitation à être embarqué dans une entreprise aussi aventureuse. Mais ils l’ont convaincu7. »

L’oligarque Boris Berezovski propose une autre version. Il affirme avoir lui-même poussé Poutine à accepter le poste de Premier ministre. Les deux hommes se seraient rencontrés pour en parler à la mi-juillet 1999, en France, à Biarritz, où l’heureux pressenti passait ses vacances en famille8. Alexandre Litvinenko, l’ancien agent du KGB réfugié à Londres et assassiné au Polonium 210 en novembre 2006, estimait, quant à lui, que le KGB/FSB avait mis au point une stratégie en deux volets pour s’emparer du pouvoir : ouvertement par l’intermédiaire de Primakov et clandestinement par le biais de Poutine. « Mission accomplie » a d’ailleurs annoncé ce dernier, triomphal, à ses camarades du Service, quand il fut nommé9.

La vérité se situe sans doute en partie dans chacune de ces versions. Que Poutine ait été choisi pour ses



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